
Précurseur de l’approche stratégique par les ressources
« La croissance d’une entreprise est limitée
non par les opportunités du marché, mais par sa capacité interne à les saisir. »
– Edith PENROSE –
Économiste anglo-américaine visionnaire, Edith Penrose a révolutionné la théorie de l’entreprise avec son ouvrage fondateur The Theory of the Growth of the Firm (1959). Elle y développe une approche novatrice centrée sur les ressources internes et les capacités managériales comme moteurs essentiels de la croissance organisationnelle, jetant ainsi les bases de ce qui deviendra la Resource-Based View (RBV), théorie dominante en management stratégique.
Mots clefs- domaines
• Ressources stratégiques
• Croissance endogène
• Capacités managériales
• Services productifs
• Apprentissage organisationnel
• Les apports principaux et l’actualité de sa démarche :
• Conception dynamique des ressources organisationnelles : Penrose distingue les ressources physiques des ressources humaines et souligne que leur valeur réside moins dans leur possession que dans la façon dont elles sont exploitées. Elle introduit l’idée que c’est la combinaison unique des ressources qui crée de la valeur ainsi que la notion de « capacité managériale » : une entreprise peut être limitée non par ses ressources disponibles mais par sa capacité à les coordonner efficacement.
• Vision entrepreneuriale du management : Elle place les managers non comme de simples administrateurs, mais comme des entrepreneurs internes capables d’imaginer de nouvelles opportunités d’exploitation des ressources.
• Théorie de la croissance endogène : Contrairement aux modèles économiques dominants, elle explique que la croissance est générée de l’intérieur par les capacités spécifiques de l’entreprise, créant ainsi une vision distincte de l’expansion organisationnelle.
• Concept de « services productifs » : Elle développe l’idée que les mêmes ressources peuvent fournir différents services selon les connaissances et l’expérience accumulées dans l’organisation, introduisant une dimension cognitive au management des ressources.
• Penrose identifie les limites managériales à la croissance, expliquant que l’expansion trop rapide peut générer des inefficiences temporaires dues à l’absorption des capacités managériales dans l’intégration de nouvelles activités.
• Utilité et actualité de sa démarche :
• Ses travaux constituent le fondement théorique de nombreuses pratiques actuelles en développement organisationnel et management stratégique, notamment la gestion des connaissances et le knowledge management.
• La RBV qu’elle a inspirée reste l’une des théories les plus influentes en stratégie, particulièrement pertinente dans l’économie de la connaissance où les avantages concurrentiels reposent davantage sur les ressources intangibles.
• Ses idées sur l’apprentissage organisationnel nourrissent les approches contemporaines de l’innovation et de l’adaptation des entreprises face aux disruptions technologiques.
• Sa vision de l’entrepreneuriat managérial est particulièrement pertinente pour comprendre les dynamiques d’intrapreneuriat et d’innovation ouverte dans les organisations modernes.
Véritable pionnière dans un domaine alors dominé par des hommes, Edith Penrose a transformé notre compréhension de la croissance des organisations. Son héritage intellectuel dépasse largement le cadre de la théorie économique pour irriguer le management stratégique, l’entrepreneuriat et l’innovation.
En plaçant les ressources et les capacités au cœur de l’avantage concurrentiel durable, elle a offert une alternative puissante aux modèles structurels du marché. À l’ère de l’économie de la connaissance et des transformations numériques, sa vision de l’entreprise comme ensemble dynamique de ressources en perpétuelle reconfiguration s’avère prophétique.
L’empreinte de Penrose sur le management moderne est d’autant plus significative qu’elle a su concilier rigueur analytique et pragmatisme managérial, offrant aux dirigeants des concepts puissants pour comprendre et piloter la croissance organisationnelle.
• Bibliographie principale
- Penrose, E. T. (1959). The Theory of the Growth of the Firm. Oxford University Press.
Ouvrage fondamental dans lequel elle développe l’idée que la croissance dépend de la capacité de l’entreprise à mobiliser et coordonner ses ressources. Un classique qui influence encore aujourd’hui les théories stratégiques modernes. - Wernerfelt, B. (1984). A Resource-Based View of the Firm. Strategic Management Journal, 5(2), 171–180.
Bien que postérieur, cet article s’appuie explicitement sur les travaux de Penrose pour formaliser la RBV en tant que cadre d’analyse stratégique. - Teece, D. J., Pisano, G., & Shuen, A. (1997). Dynamic Capabilities and Strategic Management. Strategic Management Journal, 18(7), 509–533.
Une prolongation contemporaine de l’approche de Penrose, axée sur la capacité des entreprises à renouveler leurs ressources dans un contexte incertain.

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